16.3.16

Episode 98: Mauvais temps


Depuis quelques jours, le soleil avait totalement disparu du ciel. Adieu le beau temps, et bonjour la grisaille! Il fallait à présent se contenter de la pluie et des nuages, et même si la température restait agréable, on avait vite fait de tomber dans la déprime et la monotonie. Cela ne leur donnait plus envie de faire des pique-nique sur le bord de sable, surtout si c'était pour terminer la journée trempé de la tête aux pieds.

Odin prenait tranquillement son petit déjeuner, avec pour seule compagnie le son des gouttes de pluie qui s'abattaient contre les fenêtres. Il était seul, parce qu'il était toujours le dernier à se réveiller. Ou plutôt, le dernier à se lever: il appréciait de pouvoir rêvasser bien au chaud dans son lit, et il était difficile de l'en tirer lorsqu'il avait décidé de flemmarder.


Freya, au contraire était toujours la première à se réveiller, surtout depuis qu'ils étaient entrés dans l'adolescence: elle ressentait de plus en plus ce besoin d'aller chasser de bon matin, d'autant plus que ses sens étaient de plus en plus aiguisés. Son flair était bien meilleur, et son ouïe s'était développée. Et pour cause: ses oreilles s'étaient petit à petit métamorphosées, jusqu'à devenir pointues et dressées bien hautes sur le haut de son crâne.

Elle aimait bien ses oreilles, mais quelque chose lui disait que sa transformation n'était pas terminée... Parfois, elle pensait au conte que sa mère lui avait raconté, à propos de la pleine lune. Elle avait l'impression que les deux événements étaient liés, mais elle ne savait pas comment. Ses réflexions ne l'avaient jamais menée nul part.


Azalée jardinait dès le petit matin. Elle avait peur qu'avec toute cette pluie, l'eau ne fasse se noyer ses plants: alors quand elle voyait qu'un peu trop d'eau se mettait à stagner par endroit, elle écopait et évacuait le trop-plein d'eau. Le jardin constituait leur principale source de nourriture, d'autant plus pour Odin et elle-même, et elle préférait éviter qu'ils ne soient à court de vivres.

Elle espérait que le soleil reviennent rapidement, elle n'avait jamais réussi à s'habituer à autant de pluie. Pourtant, elle avait l'impression que la météo avait quelque chose de différent, par rapport à d'habitude... mais elle ne savait pas quoi, et elle ne pouvait que se contenter d'espérer que la situation revienne bientôt à son état initial.


Odin avait développé un attrait pour la musique. Ou plutôt, il était curieux de voir comment pouvait fonctionner l'instrument de sa grand-mère, qu'il n'avait jamais connue. Azalée lui avait raconté tout ce qu'il y avait à savoir au sujet de Târâ, mais pourtant... Il n'arrivait pas à la détester, ou à la voir comme un monstre, comme ce fut certainement le cas parmi les habitants du village. Il se disait qu'il aurait aimé la connaître et lui parler, savoir ce qu'elle ressentait exactement au fond d'elle... Ce n'est pas facile d'être différent des autres.

Il pinça quelques unes des cordes de la harpe, et quelques notes de musique résonnèrent dans la maison. Il recommença, choisissant ses cordes au hasard. Ce n'était pas vraiment mélodieux ni harmonieux, mais il pensait comprendre combien la musique pouvait être importante aux yeux de certaines personnes.


"Quelle horreur! s'exclama une voix féminine qui entrait dans la pièce. Mais qu'est-ce que tu es en train de faire?!"

C'était Freya qui revenait de sa chasse, et elle plaqua ses deux mains sur ses oreilles lorsque son frère recommença à jouer de la harpe.

"J'essaie de comprendre comment est-ce que cet instrument se joue, répondit-il.
-Tu devrais arrêter immédiatement, je ne crois pas que tu sois doué pour la musique!
-Ou peut-être que c'est toi qui ne sais pas l'apprécier! rétorqua-t-il d'un air malin."

L'adolescente hocha négativement la tête et lui tira la langue. Depuis la métamorphose de ses oreilles, elle avait une ouïe beaucoup plus développée et elle était relativement sensible aux sons: aussi, elle savait parfaitement que Odin n'avait pas produit une seule bonne note...


"Viens, il est l'heure de se mettre à table! dit-il pour détourner l'attention.
-Tu ne veux pas attendre maman?
-Je crois qu'elle est partit explorer une partie de la côte... Elle a dit qu'on n'était pas obligé de l'attendre, et moi j'ai faim!
-Et après on dit que j'ai un appétit d'ogre! C'est toi le goinfre de cette maison!
-Je suis un homme en pleine croissance, j'ai besoin de forces!"

Freya secoua une nouvelle fois la tête: manger était une des choses les plus importantes de la journée! Elle aussi aimait se retrouver à table, non seulement pour se remplir l'estomac, mais pour partager de bons moments avec sa mère et son frère. Elle qui se sentait parfois trop différente d'eux, était toujours rassurée de voir qu'ils n'accordaient aucune importance à sa condition.


Azalée rentra effectivement bien tard dans la soirée: les deux adolescents étaient déjà en train de se coucher, et ils se racontaient des histoires, allongés chacun dans leur lit.

Elle prit une douche rapide, et enfila une serviette en guise de pyjama. Elle n'allait pas non plus tarder à s'endormir, elle avait parcourut un bon bout de chemin aujourd'hui. Elle avait tenté de repérer les endroits susceptibles d'abriter des plantes comestibles, elle voulait pouvoir agrandir le jardin avec de nouvelles espèces de fruits et légumes.

Elle se blottit dans ses draps, et regarda le ciel. Même la nuit, sa couleur semblait avoir changé... Elle ne reconnaissait plus les étoiles qui l'avaient guidée jusqu'ici. Qu'est-ce que cela signifiait-il donc? N'aurait-elle plus sa place ici, comme elle avait pu le croire...?

Elle s'endormit rapidement, et le lendemain, n'eut plus aucun souvenir de ces pensées-là.


La pluie avait cessé de tomber, mais les nuages gris continuaient d'obscurcir le ciel. Cependant, c'était le temps idéal pour aller nager, et Azalée emmena son fils tout au bord de l'océan.

Alors qu'elle s'aventurait déjà vers le large, Odin quittait à peine le sable pour entrer dans l'eau: c'était beaucoup plus grand et beaucoup plus profond que la baie qui se trouvait en face de leur maison, et par conséquent, beaucoup plus impressionnant.

"Viens, n'aies pas peur! lui cria sa mère.
-Je n'ai pas peur du tout! répondit-il. Je prends mon temps, c'est tout..."

Au bout de plusieurs minutes, il lui fallut prendre son courage à deux mains, et il plongea pour la rejoindre.


Freya était restée à la maison, et avait promis de rester bien sage: elle n'allait pas faire ses griffes sur les meubles, ni ronger les pieds des chaises et de la table. C'était une promesse qu'elle avait bien du mal à tenir, et qu'elle avait regrettée quelques minutes après le départ d'Odin et de leur mère.

Elle ne voulait pourtant pas briser ses paroles, aussi sortit-elle précipitamment pour ne rien détruire qui se trouve à l'intérieur de la maison. Son regard se porta ensuite sur le potager... Non, elle ne pouvait pas non plus le saccager! Alors, ses pieds l'emmenèrent naturellement vers le bac qui leur servait de poubelle. Il y avait là dedans tout un tas de déchets, qui, de son point de vue, dégageaient une douce odeur...

Ni une, ni deux, elle plongea la tête la première dedans.


Il y avait là dedans tout un tas de trésors: elle n'avait pas imaginé que la poubelle n'ait pas été vidée depuis tout ce temps... Il y avait encore quelques restes de nourriture d'il y avait plusieurs jours, dont un vieil os avec encore des filets de viande accrochés.

Elle se lécha les babines, et le rongea jusqu'à le nettoyer entièrement. Elle n'avait que faire de savoir que la viande n'était plus fraîche, elle trouvait qu'avec ce goût plus fort, elle pouvait mieux en apprécier toutes les saveurs. Elle suça chacun de ses doigts pour récupérer la moindre parcelle de graisse, et sursauta en entendant un bruit.

Elle releva la tête, et regarda tout autour d'elle. Il n'y avait personne, c'était sans doute un écureuil qui était passé près d'elle. Elle n'était pas certaine de vouloir être surprise par sa mère, qui n'encourageait pas la fouille des poubelles...


Azalée pointa du doigt quelque chose qui se trouvait sous l'eau, et Odin suivit sa direction du regard. Tout un banc de poissons multicolores était en train de passer sous eux, sans se douter de la vie qui se déroulait bien au-dessus de la mer.

"Comme ils sont beaux! s'exclama l'adolescent lorsqu'ils remontèrent à la surface. La vie est vraiment quelque chose d'exceptionnel..."

Sa mère hocha la tête avant d'ajouter:

"Je les ai souvent vus passer par là, les fonds marins doivent être plein de nutriments pour les poissons s'ils ont décidé de s'établir ici.
-Dis, tu ne diras rien à Freya? Je ne voudrais pas qu'elle vienne les dévorer pendant la nuit!"

Ils éclatèrent de rire, et décidèrent qu'il était temps de rentrer.


Freya les attendait avec impatience, et elle fut ravie de les voir arriver.

"Enfin vous voilà! fit-elle. Je commençais à m'ennuyer toute seule!
-Il fallait venir nager, on a vu plein de coquillages! répondit son frère.
-Merci, mais tu sais que je n'aime pas être mouillée... Une douche, ça me suffit déjà bien assez! Dis, tu ne veux pas me rendre un service?
-Quel genre de service?
-Me gratouiller le ventre, ça me ferait tellement de bien!
-Euh... d'accord."

D'abord étonné par cette demande peu habituelle, Odin finit par gratter le ventre de sa soeur, qui se roula par terre à la manière d'un animal.


Azalée s'était tranquillement installée dans le jardin, pour profiter de quelques rayons de soleil timides qui avaient enfin su percer les nuages. Leur escapade du matin l'avait bien fatiguée, ils avaient beaucoup nagé et une petite sieste n'était pas de refus. Elle ferma les yeux, et se sentit partir dans un monde beaucoup plus doux...

Clémence avait été si heureuse de partir en croisière pour fêter sa majorité. Elle ne s'était doutée de rien, jusqu'à ce que  le bateau démarre, et qu'elle n'ait encore vu personne qui soit de l'équipage ou de la clientèle. Et au moment où elle s'y attendait le moins, quelqu'un l'avait assommée alors qu'elle sortait de sa cabine. Le bateau avait rapidement filé vers le  grand large, s'arrachant un morceau de coque en longeant un vieux rocher à peine sorti de l'eau. Un amateur voilà ce qu'était le capitaine! On l'avait enfermée dans une pièce en compagnie d'une jeune femme enceinte, c'était la mère d'Alexis. Elle aussi avait été kidnappée pour d'obscurs raisons... Puis elle s'était à nouveau retrouvée seule, sans avoir pu lui parler. Et elle se rappelait aussi, le bateau qui était secoué de part et d'autre, qui avait commencé à couler, et puis...

La jeune femme se réveilla brutalement.


Freya était loin d'avoir arrêté de taquiner son frère, malgré ses remontrances. Il avait du mal à être sévère avec elle, aussi ne le prenait-elle jamais au sérieux, et elle continuait de se cacher dans les coins de la maison, pour lui sauter dessus au moment où il s'y attendait le moins.

"Bouh!!! Graaaaou, je vais te dévorer mon pauvre enfant!!
-Freya!! Je t'ai déjà dit d'arrêter de me faire peur comme ça! Je n'aime pas ça du tout!
-Crois-tu donc que le loup prévient sagement sa brebis avant de la dévorer? Du tout!"

Odin la gronda encore une fois, les poings sur les hanches et les sourcils froncés. Son visage se détendit cependant bien vite, lorsqu'il la vit faire la moue. Il se demandait parfois s'ils avaient vraiment le même âge, car il lui arrivait de se comporter comme une enfant.


Si elle avait parfois les réactions d'une enfant, l'adolescent avait toujours ce côté bestial qui se développait en elle. De temps en temps, elle ne pouvait se résoudre à manger assis comme tout le monde, et elle piochait directement dans son assiette avec sa bouche. Non seulement elle en mettait partout, mais elle se salissait énormément.

Azalée n'aimait pas ce comportement, mais elle avait du mal à se retenir. Elle se sentait si affamée qu'elle avait l'impression qu'elle allait s'évanouir si elle ne mangeait pas tout de suite. Elle n'avait nullement honte de manger ainsi, comme une bête. N'était-ce pas ce qu'elle était? Elle ne pouvait pas renier sa nature, et plus le temps passait, plus elle était prête à croire la légende de Ziwa Bonde. Elle était mi-humaine, mi-bête, elle devait donc agir de sorte à ne trahir aucune de ses deux natures.


Odin passait de longs moments sous la douche. Même si l'eau était froide, il aimait ce contact avec l'élément liquide: il avait hâte de retourner nager avec sa mère. Elle lui avait promis de l'emmener visiter les fonds marins. Il n'osait pas s'y rendre seul, il ne se trouvait pas encore assez bon nageur pour entreprendre une telle descente sans personne pour assurer ses arrières. Il n'était pas question de se noyer aussi bêtement!

Il regrettait de savoir que sa soeur n'aimait pas nager, et encore moins l'eau. Il aurait aimé pouvoir partager ces instants avec elle, mais il se disait que de cette façon, la faune sous marine qu'il découvrait était en sécurité. Elle continuait de manger des poissons crus tous les jours, son appétit était de plus en plus insatiable, et elle aurait eu vite faire de faire fuit les poissons multicolores et les coquillages encore vivants sur le sable mouillé.


Azalée attendait justement qu'il ait terminé de se laver, pour lui proposer d'aller plonger.

"Tout de suite?
-Mais oui tout de suite! On a qu'à faire un petit plongeon rapide, histoire de te mettre en confiance, qu'est-ce que tu en penses?
-J'arrive tout de suite! Je vais juste prévenir Freya, qu'elle ne me cherche pas avant notre retour..."

Sa mère hocha la tête, l'attendit, puis ils partirent tous les deux en direction de l'océan.

Odin était un peu anxieux, mais tout se passe extrêmement bien, avec sa mère à ses côtés. Les couleurs étaient encore plus belles vues de près, c'était un spectacle vraiment riche en couleurs et en beautés de toutes sortes pour les yeux. Il avait l'impression qu'il aurait pu passer toute la journée à contempler les algues, si son besoin d'oxygène ne s'était pas fait ressentir.


Cependant, sitôt qu'on relevait la tête en direction de la surface, les belles couleurs disparaissaient totalement, et tout redevenait gris et sombre.

C'était à se demander où avait bien pu passer le beau soleil qui dorait l'île de ses rayons. Voilà des jours qu'il avait disparu, et que tous les paysages perdaient de leur éclat. Qu'était-il en train de se passer?

Un mauvais vent semblait souffler entre les branches des arbres. Cela ne présageait rien de bon... Azalée connaissait suffisamment l'île à présent, pour savoir qu'il ne fallait plus s'éloigner trop longtemps de la maison tant que le beau temps ne serait pas revenu.

"Tu t'inquiètes pour rien, lui disait pourtant Odin."

Elle pensait le contraire.


Lorsqu'ils revinrent à la maison, elle se dirigea vers sa fille et la serra contre elle.

"Maman! Qu'est-ce qui t'arrive? lui fit-elle.
-Rien, j'en avais envie c'est tout!
-Tu es bizarre! Vous avez vu des requins c'est ça?
-Qu'est-ce que ça a à voir avec tout ça?
-Tu aurais pu frôler la mort de près et avoir peur de perdre tes enfants!
-Ne dis pas de bêtises, tout s'est très bien passé.
-Mais si tu voyais un requin, je lui ferai la peau moi! J'adorerais avoir une dent de requin pour le prendre à mon cou.
-C'est ça! Tu n'essaierais pas de me distraire? Tu n'aurais pas fait des folies à l'intérieur?
-Moi? Non, non pas du tout..."

Mais une lueur malicieuse brillait au fond de son regard, et elle n'échappa pas à Azalée.


Elle ne fit cependant pas attention au désordre qui régnait à l'intérieur: elle aurait bien le temps de ranger plus tard. Elle voulait absolument terminer son tableau, pendant leur plongée sous-marine, elle avait eu quelques idées pour rehausser les couleurs de son coucher de soleil.

Les premiers. Voilà comment elle voulait nommer sa toile, une fois qu'elle l'aurait terminée. Elle avait toujours admiré ce couple, de lointains grands-parents qu'elle n'avait jamais connus, mais dont elle descendait pourtant bel et bien.

Pendant qu'elle peignait, elle se surprenait parfois à les envier. Ils avaient eu droit à une vie de couple, ils s'étaient aimés et avaient partagé un amour si fort... C'était quelque chose qu'elle n'avait pas eu le droit de vivre, et qu'elle ne connaîtrait jamais. Son amour à elle, elle l'avait laissé loin derrière.


La nuit était en train de tomber, et le ciel avait pris une teinte étonnamment bleue. On ne savait toujours pas pourquoi, mais tous ressentait comme une étrange lourdeur dans l'atmosphère.

Freya sortit de la maison et s'avança au dehors. Elle respira à pleins poumons cet air qu'elle aimait tant. Là haut dans le ciel, la lune brillait.

Un frisson la parcourut, et elle ferma les yeux. En elle, continuaient de se battre deux instances... Les deux côtés de sa personnalité. Devait-elle sortir cette nuit? Ce n'était pas raisonnable. Elle avait besoin de dormir, comme toutes les personnes... Et pourtant, elle avait aussi besoin de chasser, de ramener de la viande fraîche.


L'adolescente n'hésita plus très longtemps, lorsqu'elle sentit le vent s'engouffrer dans ses cheveux. Elle respira profondément, puis hurla un long moment en direction de la lune. Puis, elle disparut tout à coup en direction de la forêt avoisinante.


4 commentaires:

  1. Les réminiscences d'Azalée... Je frémis, comme à chaque fois que tu dévoiles un pan du mystère de cette famille... Saura t on jamais tout ? J'adore la façon dont tu mêles les pensées et les actes d'Azalée, plongée dans les souvenirs, l'humain, la civilisation, et de Freya, attirée par la nature, l'esprit animal et le futur...

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    1. On le saura, oui oui! Merci pour ton commentaire, après ce grand mystère est loin d'être le plus mystérieux!

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  2. Les jumeaux ados sont vraiment super beaux ! J'adore les oreilles de Freya, elles sont adorables !
    Un nouveau souvenir qui remonte ! ça reste cependant bien mystérieux, on ne sait toujours pas pourquoi ces deux femmes ont été capturées...

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    1. merci, je trouve que ça lui va super bien ces oreilles!

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