20.4.16

Episode 106: La blessure


Ce n'était pas totalement vrai: Freya ne restait pas toute la journée enfermée dans sa chambre, blottie contre son oreiller. Il lui arrivait souvent de s'installer sur sa terrasse privée, sur le banc qui faisait face à la mer. Elle pouvait rester là pendant des heures et des heures, sans jamais s'ennuyer. Sa tête était trop pleine de pensées pour qu'elle puisse trouver le temps long. Elle avait fini par suspendre un drap au-dessus de chacun des miroirs de sa chambre, pour ne plus avoir à faire face à son propre reflet, c'était trop douloureux.

Perdue dans ses propres réflexions, elle entendit à peine qu'on frappait à sa porte, et sursauta quand son frère vint s'asseoir près d'elle.

"Tu aurais au moins pu attendre que je te réponde! lui fit-elle remarquer. J'aurai pu être sous la douche!
-Ça m'étonnerait de toi, et puis de toute façon, tu t'es toujours douchée toute habillée."

La jeune femme haussa les épaules, il le connaissait trop.

"Je peux te parler?"


Elle fit la moue, elle n'avait pas vraiment envie de l'entendre, ni lui ni personne d'autre. Mais elle ne pouvait pas les repousser indéfiniment, surtout pas son frère.

"Si ma tête ne t'effraie pas trop...
-Ne dis pas de bêtises, tu ne m'as jamais effrayé. Tu es ma soeur.
-Ça ne change rien à ce que je suis en train de devenir. Regarde-moi... Ce n'est pas du tout comme ça que je me serais imaginée.
-Soit... Mais ce n'est pas un peu de fourrure qui doit t'empêcher de vivre Freya. Viens avec moi.
-Où ça?
-Je ne sais pas. Se promener."

Freya secoua la tête, effrayée.

"Pas question. Les gens vont avoir peur de moi, ils vont me pointer du doigt et se moquer... Je ne le supporterai pas.
-Qu'en sais-tu? Tu leur as demandé?"

Il se leva, et lui tendit la main. Il ne la forçait pas, il lui laissait seulement le choix de la suivre... Devant son regard tendre, Freya ne put s'empêcher de placer sa patte de velours dans sa paume.


Odin savait que l'apparence de sa soeur aurait pu en effrayer plus d'un, mais il se refusait à la voir se renfermer sur elle-même à cause de ça. Elle avait besoin de voir le monde, de prendre l'air, et de passer son temps dans un lieu autre que sa chambre. Il avait légèrement abordé le sujet avec Maëva, qui avait elle-même tenté d'en parler à ses congénères, si bien que tout le monde semblait au courant de l'état de Freya, et que personne ne la chasserait ni se moquerait ouvertement d'elle. Du moins, c'était le plan.

Le jeune homme mena sa soeur dans un parc très peu fréquenté, pour qu'elle puisse prendre ses marques. Il la voyait sans cesse sursauter, et jeter des regards furtifs à droite et à gauche.

"Regarde, des balançoires."

Il les indiqua d'un mouvement de la tête, et ils y prirent place. Petits, ils avaient toujours rêvé d'ajouter une balancelle à leur cabane en bois, mais c'était un rêve qui ne s'était jamais réalisé.

Freya se balança légèrement, et ce mouvement de va et vient la calma petit à petit. Elle releva la tête, et prit le temps d'observer le paysage qui l'entourait.


"C'est beau n'est-ce pas? fit remarquer son frère.
-Il y a beaucoup de verdure oui... Je n'avais pas vu autant de buissons dans un tel lieu. Après... ça n'a rien à voir avec ma forêt...
-Et pourquoi ça ne pourrait pas la remplacer? Il y a d'immenses bancs de sable, c'est parfait pour courir.
-Je n'aime pas la mer, tu le sais.
-Rien ne t'oblige à plonger dedans.
-Je... Je ne sais pas, c'est tellement différent... Il y a tellement de monde, tellement de bâtiments. Cet endroit n'a plus rien de sauvage.
-Et c'est une chance, nous allons pouvoir vivre avec des gens qui nous ressemblent.
-Non Odin. Des gens qui te ressemblent, mais qui en aucun cas ne me ressemblent... C'était la vie sauvage que j'aimais, moi. Je ne sens pas chez moi, pas à l'aise ici. Tout se ressemble..."

Odin ne savait pas comment lui ouvrir les yeux, et lui faire remarquer à quel point elle avait tord. Il restait encore tant à découvrir!


Il décida de l'emmener manger quelque part, dans un endroit qui serait un peu plus au coeur de l'île et de ses préoccupations. Même s'il remarqua que le stress de sa soeur semblait revenir, au fur et à mesure qu'ils croisaient d'autres gens, il essaya de ne pas y prêter attention. Personne ne semblait la blâmer pour son apparence. Peut-être faudrait-il qu'elle l'explique à un moment ou un autre, mais ce n'était pas important... Du moins, à ses yeux.

Pour Freya, c'était différent. Elle avait l'impression d'être impitoyablement jugée à chaque fois qu'elle croisait un passant. Combien de temps s'écoulerait-il avant qu'on ne tente de la chasser? Et à ce moment, où irait-elle? Il n'y avait nul part ou se réfugier, l'île était extrêmement petite, et à moins de nager pendant plusieurs kilomètres, elle était coincée ici. Elle avait toujours été une mauvaise nageuse, et elle se refusait à sauter dans un océan aussi profond. Elle ne voyait pas encore comment elle allait se sortir d'ici, mais une chose était claire: elle ne pouvait pas rester. Pas tant qu'elle serait dans cet état d'esprit.


Lorsqu'ils prirent place, Odin se sentit soulagé. Personne ne les avait intercepté, tout lui semblait se passer au mieux. Même s'il tentait de faire des efforts, il était malgré tout loin d'imaginer les souffrances qu'enduraient sa soeur.

Il était plutôt bel homme, et il n'avait pas eu à souffrir de sa condition physique, alors que Freya perdait petit à petit toute apparence humaine. Si cela avait commencé en douceur, chaque jour semblait empirer les choses, et cela affectait son moral au plus au point.

Pourtant, elle ne lui en voulait pas. Comment aurait-il pu comprendre cela, lui qui ne vivait pas ce qu'elle était en train de traverser? Il fallait le vivre pour toucher ne serait-ce que d'un doigt les émois qui s'agitaient au fond de son âme. Il ne pouvait pas, ni lui, ni sa mère, ni personne d'autre. Elle s'était fait une raison à cela, depuis bien longtemps à vrai dire... Au fond d'elle, elle avait toujours su qu'elle serait différente. On disait que la différence créait des personnalités bien définies, mais on omettait de dire que la plupart du temps, elle mettait les gens à l'écart.


Elle se sentait perdue. Elle ne savait pas quoi penser. Comment aurait-elle pu quitter sa famille? Elle ne s'imaginait pas vivre sans eux, et ils semblaient heureux d'avoir trouvé cette terre pleine de promesses. Et puis, il y avait son père. Elle avait à peine daigné lui accordé un regard, et pourtant, comme la nouvelle l'avait rendue folle de joie! Son père était vivant, il était de retour parmi eux! Mais ses humeurs et ses états d'âme l'avaient empêchée de profiter de sa présence.

Etait-il possible... de se sentir chez soi ici? Quels efforts devrait-elle fournir pour que tout redevienne comme avant? Elle jeta un oeil à droite, puis à gauche. La forêt... Plus jamais elle ne la reverrait. Elle secoua la tête, indécise. Vivre enfermée dans une cage dorée, ou bien  vivre en totale liberté, loin des siens? Elle ne savait pas quelle solution était la meilleure pour elle.

Il lui faudrait peut-être se préparer à l'éventualité de quitter ses proches... Un jour ou l'autre. Peut-être... Peut-être pouvait-elle essayer. Un jour, deux jours de plus. Pour leur faire plaisir...


Odin la regardait mener ce combat silencieux. Il ne pouvait pas en être certain, mais il était persuadé qu'elle était en train de peser le pour et le contre. A ses yeux, il était évident qu'elle choisirait de prendre sur elle, pour apprendre à aimer l'île et ses habitants. Il avait hâte de pouvoir lui présenter Maëva, il était sûr que les deux jeunes femmes allaient bien s'entendre, et deviendraient peut-être les meilleures amies.

Il était tellement convaincu que tout allait s'arranger.

"Tu verras comme l'île est belle! Tu n'as pas encore vu les plages, elles sont splendides. Je t'apprendrai à mieux nager, et tu auras moins peur de l'eau! Tout le monde est si gentil, et puis papa, c'est un homme fabuleux! Je...
-Je ne peux pas, Odin."

Le jeune homme sentit un frisson glacé le parcourir.

"Qu'est-ce que tu racontes? Pourquoi tu ne pourrais pas?"


Sa soeur secoua la tête et ferma un instant les yeux.

"Je ne peux pas rester ici... Tu ne comprends pas, tu ne comprends vraiment pas n'est-ce pas?
-Mais tout ce dont nous avons besoin est ici Freya!
-Non, c'est faux et tu le sais très bien! Tout ce dont tu as besoin est ici, mais ça ne comble en aucun cas mes besoins! La forêt fait partie de moi, c'est un morceau de ma personnalité! Oh, pourquoi ne l'as-tu pas encore compris? Depuis le temps, tu aurais dû savoir que si j'allais me promener en forêt durant des heures, parfois des nuits entières, ce n'était simplement pas par envie! Je suis la forêt, j'ai trop besoin d'elle pour me sentir bien. Ici, et bien ici... Tout est trop resserré, trop carré, ce n'est pas naturel, et je me sens étouffée. Je ne peux pas, quand bien même je serai avec vous..."

Odin la regarda avec un air douloureux. Etait-elle en train de lui dire qu'elle allait les quitter? Elle ne pouvait pas faire cela, il avait trop besoin d'elle à ses côtés! Ils ne s'étaient jamais quittés depuis leur naissance!

"Mais... Mais tu ne peux pas faire ça. Et maman dans tout ça, tu as pensé à elle?"

A cet instant, il se haït pour ses propres paroles. Il n'était même pas capable d'assumer son attachement à sa propre soeur.


"J'y ai bien réfléchi Odin... Elle a retrouvé papa, elle est heureuse avec lui.
-Mais il ne remplacera jamais l'un de ses enfants.
-Je sais. Mais il sera là pour la consoler... Et toi aussi, tu seras là pour elle, n'est-ce pas? Promets-le moi, Odin, ne la laisse pas pleurer."

Il se mordit les lèvres. Alors comme ça, elle pensait à leur mère, mais lui, il n'était pas sensé éprouver du chagrin?!

"Et... Et moi dans tout ça, tu as pensé à moi?
-Evidemment... Comment ne pourrais-je pas? Tu es mon frère, mon jumeau, et j'ai l'impression de faire une terrible erreur en me séparant de toi...
-Et bien tu as raison, tu fais une erreur."

Ses paroles étaient dures, et Freya sentit tout espoir de partir sereine s'envoler. Il était en colère, mais surtout, il avait peur de la perdre, ses facultés lui permettaient de le sentir.

"Odin, regarde-moi..."


Elle se recula de quelques pas, les bras pendus le long du corps.

"Et alors, qu'est-ce que je dois voir?
-Ne fais pas semblant.Tu vois bien que je suis différente. De toi, de maman, de papa, de Maëva, de n'importe qui.
-Tu dis n'importe quoi.
-Regarde bien. Regarde mes oreilles, as-tu jamais vu quelqu'un avec de pareilles oreilles? Mon nez. Regarde mon nez, regarde ce qu'il est devenu. Ma peau. On avait la même à présent, et regarde ce qu'elle est à présent. Regarde ce que je suis devenue... Regarde-moi tout entière. Crois-tu que nous nous ressemblons encore, que nous appartenons au même monde?
-Ce que tu dis est vraiment stupide, bien sûr que oui!
-C'est faux, et tu le sais tout aussi bien que moi. N'essaie pas de nier l'évidence. Tu te rappelles bien la légende que maman nous a racontée."

Il leva les yeux au ciel, bien sûr qu'il ne l'avait pas oubliée! Mais comment croire à ce si vieilles croyances? Elles n'avaient absolument rien de crédibles!


"Ne me dis pas que tu crois à ces sornettes! C'est vraiment idiot, car...
-Idiot?! Tu trouve que j'ai l'air idiote là?! Je prends du temps pour t'expliquer les choses, Odin!
-Je n'ai pas besoin de tes explications à la noix!
-Si, oh si tu en as besoin, rétorqua-t-elle d'une voix amère. Depuis le début, tu ne penses qu'à toi! Tu trouves que cette île est parfaite, mais pour toi! Elle te paraît accueillante et chaleureuse, mais c'est ton avis, ta perception des choses, pas la mienne! Tu ne fais aucun effort pour essayer de me comprendre! Je sais que c'est difficile, tu ne vivras jamais ce que je suis en train de traverser et ça me déchire le coeur! Qu'est-ce que tu crois, que ça me fait plaisir de me transformer en bête?
-Tu deviens juste un peu différente, c'est tout..."

Devant ses éclats de voix et sa détresse, Odin s'était calmé. Il n'avait pas voulu lui faire de peine, mais il s'était trompé sur toute la ligne.

"Freya, je suis vraiment désolée...
-Tu ne comprends pas, je ne suis pas juste un peu différente. Je suis la forêt, je suis la liberté, je suis la nature... Je ne suis qu'une bête."


Il tenta un geste pour la prendre dans ses bras, mais elle recula.

"Ce n'est pas terminé, c'est loin d'être fini. Je crois que je l'ai compris depuis un moment, mais que je refusais de voir la vérité, poursuivit-elle.
-De quoi veux-tu parler?
-De ma condition. Tout le monde sait que je ressemble à un animal sauvage, et peu importe qu'il s'agisse d'un loup, ou que sais-je. Mais bientôt, la chose continuera. La chose qui sommeille en moi continuera de se développer, et je suis persuadée qu'un beau matin, quand je me réveillerai, il n'y aura plus rien d'humain en moi!
-Mais... Je... Ça ne changerait rien pour nous, nous t'aimerions quand même!
-Pour moi, ça change tout Odin! Je ne pourrais pas supporter de n'être plus qu'un animal à vos yeux! Et qui sais si mes pensées ne vont pas changer elle aussi? Et si je ne vous reconnaissais plus? Et si... et si je vous blessais? Cette pensée me terrifie, et c'est quelque chose que je ne me pardonnerai jamais! Alors... Alors je préfère partir tant qu'il en est encore temps."

Le jeune homme était complètement affolé. Elle allait partir, et il ne savait pas comment la retenir. Si seulement Azalée avait été là pour la retenir, lui parler, la réconforter! Il ne savait plus quoi faire, et savoir qu'elle était sur le point de les quitter le désespérait.


"Il y a d'autres moyens, on trouvera bien une autre façon de mettre fin à tout ça!"

Mais ce n'était pas les paroles à dire pour calmer la jeune femme, bien au contraire, ces mots la mirent hors d'elle. Odin refusait de voir la vérité en face, et donc d'accepter qui elle était réellement, et cela lui faisait mal.

Ce qui se passait tout autour d'elle devenait petit à petit flou, elle ne se rendait même plus compte du flot de paroles qui sortait de sa bouche. Elle se sentait tellement incomprise, tellement mise à l'écart depuis qu'ils étaient arrivés sur cette maudite île! Elle aurait préféré mourir dans cet ouragan, là au moins, tout le monde l'aurait pleurée et personne n'aurait insisté pour qu'elle essaie de devenir une autre personne, quelqu'un qu'elle n'était pas!

Sa vision se troubla, et elle sentit sa main se lever, pour venir s'abattre sur le visage de son frère.


Le silence retomba aussi vite qu'il avait été brisé. Stupéfaite par le geste qu'elle venait d'accomplir, Freya n'osait plus bouger, et l'horreur la saisit encore plus vivement, lorsqu'elle vit le sang couler.

Odin, lui, restait la bouche grande ouverte. Il n'osait pas riposter ni répondre, il savait parfaitement qu'il avait mérité cette gifle. Il sentit quelque chose de chaud couler sur son visage, et une goutte amère tomba sur sa langue. Il porta les doigts à son oeil gauche, et sentit la chair à vif: il était blessé.

"Excuse-moi Freya, je n'aurais pas du dire tout ça..."

Elle étouffa un sanglot et rabattit ses mains devant sa bouche. Elle ne pouvait pas détacher son regard de la blessure qui saignait. L'oeil ne semblait pas avoir été touché, mais ses griffes n'en avaient pas moins laissé une trace sur son visage... Un peu plus, et elle le rendait aveugle. Elle était dangereuse... Comme elle l'avait toujours prédit, elle avait fini par faire du mal à son frère.


Le jeune homme essaya d'aborder un visage souriant et confiant, pour ne pas l'effrayer. Il avait l'impression que le moindre mouvement brusque, la moindre parole un peu trop forte pouvait la faire fuir. A cet instant-là, il comprit à quel point elle ressemblait à un animal apeuré. A quel point son destin avait basculé par ces étranges transformations... La malédiction était bien réelle et il avait tout fait pour le nier. Quel frère était-il pour avoir osé renier la nature de sa soeur?

"Ce... ce n'est rien, dit-il en tentant d'essuyer le sang avec un morceau de tissus. Je... Je n'ai pas mal."

Il la voyait trembler sur place, et elle ne l'avait toujours pas quitté des yeux. Il essaya de se rapprocher lentement. Il voulait lui dire à quel point il avait eu tort. Il ne pouvait pas la laisser dans cet état d'anxiété.

"Je te promets que je ne souffre pas Freya, ce n'est pas important... Je suis désolé, j'aurais dû t'écouter."


Quand, enfin, il posa la main sur son bras, et crut que tout allait s'arranger, elle se détourna brusquement de lui, et détacha sa main avec force.

"Tu n'aurais jamais dû rester près de moi, jamais! s'exclama-t-elle en éclatant en sanglots."

Elle lui tourna le dos, et se mit à courir le plus vite possible en direction des chambres d'hôtes, sans se retourner une seule fois. Pourtant, si elle s'était retournée, si seulement elle avait croisé une dernière fois le regard de son frère, elle aurait compris qu'il ne lui en voulait pas du tout et qu'il était prêt à parler de façon plus posée.

Mais elle ne le fit pas. Elle était trop bouleversée pour ça, trop effrayée de constater qu'il lui arrivait bel et bien de ne plus se contrôler. Et pourtant, elle avait essayé! Elle avait senti qu'elle perdait le contrôle, et à ce moment-là, elle aurait dû s'en aller. Pourquoi n'avait-elle pas pu bouger? A présent, c'était trop tard: elle ne pourrait plus jamais l'approcher. Ni lui, ni les autres.


Azalée l'attendait sur la plage, en compagnie de Joss. Lorsqu'elle vit sa fille arriver, elle se leva pour la saluer d'un geste de la main.

"Ma chérie! Alors, comment était-ce..."

Mais Freya ne la laissa pas terminer sa phrase. Elle passa devant elle sans dire un mot, le visage baissé. Elle ne voulait pas la voir, et surtout, elle devait s'enfermer à double tour dans sa chambre au plus vite.

"Freya? Freya que se passe-t-il?"

Elle sentit que sa mère se pressait derrière elle, alors elle accéléra sa course, et referma brusquement la porte de sa chambre derrière elle.


Alors, elle se laissa tomber sur sa petite terrasse, et se recroquevilla sur elle-même. Les larmes coulaient abondamment sur ses joues, mais avec sa fourrure, elle ne sentait pratiquement rien. Etait-ce là un signe qu'elle allait perdre tout sentiment... toute émotion?

Le soleil se couchait à présent. Elle n'aurait jamais pensé que la journée puisse se terminer ainsi... Quand Odin était venu la chercher, elle avait cru que les choses allaient finir par s'arranger. Elle s'était trompée, elle ne s'était jamais autant trompée.

De quoi allait être son futur? Avait-elle même droit à un avenir? Elle était tellement pleine de doutes et de désespoir, qu'elle ne savait plus ce qui était bien, ou ce qui était mal. Elle avait été sur le point de partir, mais... En avait-elle encore seulement la force?

4 commentaires:

  1. Pauvre Freya, elle me fait de la peine...

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  2. Je me doutais bien qu'un jour elle perdrait le contrôle et encore heureux, la blessure n'est pas encore très grave, elle aurait très bien pu lui faire perdre l'usage de son œil... Je me demande quelle décision elle va finalement prendre...

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    1. le moment de la décision approche effectivement! mais qui sait ce qui peut encore se produire...

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