4.8.16

Episode 148: Petite maman


Félicité était devenue très proche de sa maman, surtout lorsqu'elle eut l'âge de comprendre son état. Elle savait qu'elle était malade et avait peu de forces, aussi restait-elle sage et docile.

Malgré ses rêves de petite fille, elle décida de ne pas dormir dans le grand lit une place qui se trouvait dans sa chambre. Elle avait besoin de sentir la présence de sa mère auprès d'elle.

C'était une façon de se rassurer elle-même sur son état.


Malgré son jeune âge, la fillette avait commencé à apprendre la cuisine. Sa mère lui avait enseigné quelques bases, et elle suivait à la lettre les indications inscrites sur une feuille pour préparer à manger.

Bien sûr, Vitae lui avait interdit de se servir du four ou de la plaque de cuisson. Elle n'avait le droit de préparer que des plats froids.

Ce qui tombait bien, car elle raffolait de salades en tout genre.


Elle avait fini par passer tant de temps dans la cuisine, qu'elle savait mieux que sa mère où étaient rangés les ustensiles.

Lorsque Vitae parvenait à descendre en sa compagnie, c'était toujours Félicité qui lui apportait ce dont elle avait besoin. Elle essayait de cuisiner une à deux fois par semaine un plat chaud, quelque chose qui puisse changer de l'ordinaire.

Félicité adorait les pâtes au fromage, et elle voulait lui faire plaisir.


Un jour, enfin, la pluie cessa de tomber sur Mermaidia, et Félicité put profiter de sa toute première sortie.

Elle était seule bien entendu, mais cela ne la dérangeait pas. Elle savait sa mère fragile, et elle se sentait l'âme d'une guerrière prête à tout affronter.

Elle sauta rapidement à l'eau, et nagea en direction d'un des autres îlots.


Le trajet ne fut pas très long, mais elle était ravie de se retrouver sur la terre ferme. Quand l'eau devenait trop profonde, elle ne se sentait pas rassurée parce qu'il pouvait y avoir toute sorte de créatures inconnues sous ses pieds.

Bien que l'endroit où elle se trouvait semblait des plus pacifiques et sans vie aucune à part la leur, on n'était jamais trop prudent.


Cette partie de Mermaidia semblait être dédiée aux hippocampes. Il y avait des statues de cet animal partout, et des algues avaient poussé aux alentours du bâtiment.

Elle l'observa, et remarqua qu'il s'agissait d'une tour, dans laquelle il semblait possible de monter. Peut-être aurait-elle une belle vue si elle réussissait à grimper tout en haut?

Félicité regarda derrière elle, puis se décida.


Elle entra à l'intérieur, et emprunta l'escalier en colimaçon. Elle fit d'abord attention, et testa lentement chacune des marches.

Tout semblait si vieux, qu'un accident pouvait vite arriver, et que les marches auraient très bien pu craquer sous son poids.

Elle parvint jusqu'en haut sans encombre, et découvrit un beau spectacle.


Non seulement on voyait beaucoup plus loin d'ici que de sa chambre, mais en plus, cela semblait être l'endroit idéal pour observer les autres îlots sans être vu.

Elle était certaine que depuis cette tour, sa mère ne pouvait pas la voir.

Elle en fit le tour, puis trouva une chaise sur laquelle elle put s'asseoir et se détendre.


On voyait vraiment bien leur château depuis ce poste de vue. La fillette le contempla sereinement, même si elle espérait que sa mère ait réussi à s'endormir.

Elle regrettait qu'elle n'ait pu l'accompagner. Cela aurait été fantastique de découvrir toutes ces choses avec elle.

Elle savait cependant que sa mère était malade depuis sa naissance, et que les choses ne s'étaient jamais améliorées.


Lorsqu'elle fut repue de cette vue panoramique, elle décida de rentrer pour faire part de ses découvertes à sa mère.

Elle redescendit les escaliers en courant, et sauta à l'eau.

Le temps de revenir à son île natale, et le ciel commençait à se colorer de rose.


Elle se précipita dans la chambre, et fut soulagée de voir sa mère en train de lire.

"Maman! Je suis rentrée!
-La promenade s'est bien passée?
-Oui, j'ai vu des choses fantastiques!"

Elle sauta sur le lit, et Vitae rangea son livre pour entendre ce récit qui semblait fabuleux.


"J'ai nagé jusqu'à la tour qu'on peut voir, et je suis montée tout en haut! Il y avait des statues aussi, des hippocampes, et quand j'étais tout en haut, j'ai pu tout voir, c'était beau!"

Elle poursuivit son histoire, en essayant de n'omettre aucun détail.

Ainsi, elle avait l'impression que sa mère l'avait accompagnée.


Quand elle eut terminé, elle embrassa sa mère avant de se relever.

"Maintenant je vais te laisser, tu devrais dormir un peu, conseilla-t-elle.
-Merci ma chérie. Si je suis en forme, je te ferai des pâtes tout à l'heure!"

Félicité sortit de la pièce en sautillant gaiement, à l'idée de manger son plat préféré.


Pour être sûre que sa mère serait en forme, la fillette décida de faire un peu de ménage dans la maison.

C'était une occupation dont elle avait pris l'habitude, parce qu'elle s'était rendue compte que cela permettait à sa mère d'être plus en forme. Elle avait donc pris ce rôle de petite maman, qui s'occupait de sa mère pour la soulager.


Et effectivement, Vitae se réveilla fraîche et reposée. Sa fille l'aida à descendre jusqu'à la cuisine, où les ingrédients étaient déjà disposés les uns à côtés des autres.

Les pieds sous la table, Félicité se délectait déjà de ce moment de bonheur, pourtant si rare dans leur vie.

"Ça sent tellement bon maman!"


La nuit ne tarda pas à tomber sur Mermaidia.

Les étoiles étaient, comme d'habitude, toujours au rendez-vous.

Accoudée à une fenêtre, Félicité ne se lassait jamais de ce spectacle. S'il devait y avoir une raison pour laquelle elle ne voulait pas quitter cet endroit, c'était bien le coucher de soleil.


Lorsque les roses s'effaçaient, une légère ligne jaune, signe de la présence du soleil, venait colorer la ligne d'horizon.

Puis, des nuages couleur barbe à papa s'éparpillaient dans le ciel.

De loin, on pouvait apercevoir la tour dans laquelle la fillette avait passé son après-midi.


Puis, pour terminer ce spectacle en beauté, la lune se levait. Ce soir-là, elle était pleine, et de multiples couleurs venaient se refléter dans ce disque d'une beauté douce et infinie.

Félicité adorait la lune. Elle l'apaisait, c'était comme si, à chaque fois qu'elle apparaissait, elle venait lui dire que tout allait bien se passer.


Enfin, il fut totalement nuit.

Si Vitae s'était endormie depuis longtemps, bordée par les mains de sa fille, cette dernière n'était pas encore fatiguée.

Elle ouvrit le coffre à jouet qui était dans sa chambre, et commença à examiner les différents tissus qui s'y trouvaient.

6 commentaires:

  1. Et bé, j'en connait une qui va se retrouver toute seule d'ici peu.

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  2. J'espère que Vitae va aller beaucoup mieux, car c'est dommage pour sa fille, surtout pour la dixième génération !

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    1. des fois, ce qui se produit n'est pas toujours juste!

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  3. Woua, Félicité est d'une maturité impressionnante ! Vitae a de la chance de l'avoir auprès d'elle

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    1. yep, il y a des situations dans lesquelles il faut être mature!

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