29.7.16

Episode 145: L'espérance


Vitae rama longtemps. Elle ne sut jamais combien de temps, elle se contentait d'aller de l'avant.

Sous la banquette du bateau, elle avait trouvé une vieille robe abandonnée qui semblait trop large.

Elle l'avait trouvée parfaite pour elle, étant donné que le bébé grandissait à vue d'oeil.



Tout était flou dans son esprit. C'était comme si elle sortait d'un rêve étrange.

Tout était bleu autour d'elle. Le bleu de la vie.

Comme si le temps s'était arrêté à Suvadiva, ou plutôt, qu'il n'avait jamais été en marche.

C'est ce qu'elle commençait à croire.


Peut-être que quelques heures seulement s'étaient écoulées, mais cela pouvait tout aussi bien être des jours, des semaines, voire des mois.

Elle n'avait plus aucun repère du temps, et encore moins de l'espace. Elle avait l'impression de sombrer dans un sommeil sans fin.

Aussi, quand elle découvrit que l'horizon n'était plus tout à fait plat, et que des bâtiments s'élevaient vers le haut, elle sentit son coeur battre plus fort.


C'était quelque chose qu'elle n'avait plus connu depuis longtemps, l'excitation de la vie.

Elle reprit ses rames en mains, et nagea aussi vite que possible en direction des îlots.

Ce qu'elle découvrit la laissa remplie de stupeur. Tout était magnifique.

Avec ses toits bleus, les plages, elle pensait se trouver face à un château. Un château des mers.


La barque vint lentement frotter le fond marin, et une fois qu'elle fut immobilisée, Vitae mit son maillot de bains avant de sauter à l'eau.

C'était la première fois qu'elle mettait le pied à terre depuis très longtemps, et la sensation était vraiment très étrange.

Mais c'était bon de revenir à un semblant de vie.

Elle se hissa sur un vieux ponton délabré, et regarde ce qui s'étendait sous ses yeux.


Le décor était vraiment magnifique. Elle avait envie de savoir ce qui se trouvait à l'intérieur.

Est-ce que des gens habitaient ici? Pouvait-elle leur demander l'hospitalité?

Elle devait bien se poser quelque part, en attendant que le bébé naisse. Après, seulement, elle pourrait se mettre à la recherche de sa terre promise.

C'était pour cela qu'elle avait accepté de quitter les siens.


Elle posa les mains sur son ventre. Elle avait comme le sentiment que le bébé s'était mis à bouger, dès l'instant où elle avait posé les pieds sur l'île.

C'était une étrange sensation. Où était-elle donc?

En se regardant de profil, elle eut l'impression que son ventre avait tout à coup pris quelques centimètres. C'était bon signe, l'enfant se portait bien.


Elle s'avança vers les murs de la bâtisse, qui apparaissaient comme de plus en plus grands. Près de l'entrée, il y avait d'immenses colonnes.

En s'approchant, elle s'aperçut qu'elles étaient ternes, de la mousse et un peu de rouille s'étaient emparé de cette architecture qui avait du être splendide auparavant.

Les murs et les barrières étaient tout aussi magnifiques. Çà et là, on pouvait voir quelques dorures finement gravées sur la pierre.

C'était un vrai château aux merveilles.


La porte n'était pas fermée, et quand elle la poussa, elle n'eut aucun mal à l'ouvrir.

Elle entra à l'intérieur.

"Il y a quelqu'un?"

Pas de réponse. Simplement le vide. Mais quel vide!

Des boules de cristal étaient entreposées sur des statues aux formes d'animaux marins. Du corail poussait un peu partout.

La lueur qui émanait de l'intérieur était telle qu'on se serait vraiment cru sous l'eau.


Elle s'avança vers un coin, qui lui apparut comme étant une cuisine.

Il y avait tout le confort nécessaire. Bien sûr, cela n'avait rien à voir avec Suvadiva. Pas de haute technologie.

Il fallait cuisiner à la main.

Elle s'approcha d'une fenêtre, et découvrit que quelques autres îlots comportaient des châteaux.

Tous plus beaux les uns que les autres.


Elle continua d'explorer les environs.

Un peu partout, elle découvrait des statues de sirènes.  Des sirènes... ces créatures marines mythiques.

Et si cet endroit leur appartenait?

Non, c'était impossible. Elle ne nageait pas, elle marchait. Et les sirènes ne pouvaient pas marcher.


Au rez-de-chaussée se trouvait un piano, un très vieux piano, sur lequel coquillages et crustacés avaient élu domicile.

Une partition était ouverte, et elle l'observa.

Elle n'avait jamais su lire les notes de musique, et encore moins jouer du piano.

C'était un instrument antique, qu'on n'avait jamais vu que dans les livres à Suvadiva. Elle laissa ses mains se promener sur les touches poussiéreuses.


Une petite pièce était aussi consacrée à l'hygiène.

On y trouvait un lavabo, des toilettes et une baignoire. Elle avait bien besoin d'un bain, après toutes ces journées en mer. Elle se sentait épuisée. Lourde.

Quand elle plongea dans la baignoire, des robinets se mirent à couler, et des bulles de savon de toutes les couleurs apparurent autour d'elle.

C'était un spectacle magnifique à voir, qui la prépara à passer une longue nuit ensommeillée.


Le confort de l'endroit la décida à rester ici jusqu'à la naissance du bébé. Ce n'était pas raisonnable de continuer à voyager dans un si petit bateau alors qu'elle était enceinte.

Elle avait l'impression que son ventre grossissait chaque jour un peu plus, beaucoup plus vite qu'il ne l'aurait du. Elle trouva un calepin et un crayon dans un tiroir, et décidé d'y écrire ce qu'elle venait de vivre. Ainsi, personne ne l'oublierait.

Le plus étonnant, c'était qu'elle trouvait toujours le frigo plein de vivres. Mais il n'y avait jamais eu personne pour se présenter à elle.


Ce fut un soir de pleine lune qu'elle ressentit ses premières douleurs. D'abord, dans le bas du dos. Ensuite, au niveau du ventre.

Elle souffla profondément, comme elle l'avait lu dans des livres empruntés à la bibliothèque il y a longtemps de cela.

Ce n'était pas le moment de paniquer, et elle le savait.


Le bébé étant sur le point d'arriver, elle s'allongea sur le lit qu'elle avait désigné comme étant le sien.

Puis elle attendit. Il n'y avait que cela à faire. La tête lui tournait, elle se demandait si elle aurait assez de forces pour mettre au monde cet enfant.

Il le fallait pourtant, cela ne pouvait pas se terminer ainsi...

Elle aurait aimé appeler de l'aide. Mais personne ne lui aurait répondu, elle le savait.


Elle ferma les yeux pour essayer de concentrer toutes ses forces. Les femmes faisaient cela depuis une éternité. Pourquoi n'y arriverait-elle pas?

Elle envia alors les femmes de Suvadiva, à qui on promettait qu'aucune douleur ne viendrait les perturber. Ce n'était pas son cas. Elle n'avait jamais connu la douleur, et elle ne sut jamais comment elle put supporter un tel moment.

Alors, elle eut l'impression que quelqu'un lui touchait l'épaule, pour la forcer à s'allonger.


Elle se laissa faire et se retrouva sur le dos, les mains crispées sur les draps.

Elle essaya de soulever ses paupières, mais elle ne parvenait plus à voir clair. Tout était flou, encore plus flou que les jours qu'elle venait de passer dans ce château.

"Courage... Courage... avait-elle l'impression d'entendre."

Elle essaya de tendre une main, sans parvenir à toucher qui que ce soit.


Quelle que fut cette aide, elle entendit rapidement les pleurs d'un bébé. Les douleurs cessèrent alors rapidement. C'était la délivrance.

Elle sentit qu'on lui posait l'enfant sur le ventre, et elle eut à peine le courage d'entrouvrir les yeux pour croiser son regard pour la première fois. C'était une fille, elle en était certaine.

Et elle voulait l'appeler Félicité.

"Bienvenue à Mermaidia... entendit-elle avant de s'endormir."

4 commentaires:

  1. cet endroit est vraiment étrange... je pense qu'il y a des gens qui l'habitent, mais que pour je ne sais quelle raison, ils sont invisibles, ou se cachent, ou alors ce sont des esprits...

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    1. moi j'aime bien l'hypothèse des esprits... :D

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  2. Salut, ça faisait un moment que je n'avais pas laissée de commentaire mais j'ai toujours continuée à te lire. C'est génial ! Cependant, cette histoire d'esprits m'intriguent beaucoup pour cette génération.

    J'ai une autre question, je me demande si c'est un mod (l'accouchement de Vitae sur le lit).

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    1. Je me demandais justement où tu étais passé, contente de savoir que tu es toujours là même dans l'ombre!

      Pour l'accouchement, j'utilise le pose player, donc ce n'était pas vraiment l'accouchement dans le jeu, juste une pose statique que j'ai fait prendre à ma simette!

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